Les jeunes et l'alcool: Témoignage
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Les jeunes et l'alcool: Témoignage
"Quand l’alcool touche les jeunes."
C’est la fin des examens pour les étudiants en études supérieures. Beaucoup vont certainement fêter cela, en buvant quelques verres, parfois trop. Mais ce qui est exceptionnel pour certains peut devenir une habitude pour d’autres. A 22 ans, Michel se définit comme alcoolique. Mais il est bien décidé à s’en sortir.
Il y a aussi des jeunes qui ne boivent pas. Et qui pourtant souffrent aussi de l’alcoolisme. Celui des autres. Celui de leurs parents. Nous l’appellerons Yves. Il est adulte maintenant et raconte les épreuves qu’il a subies à cause de l’alcoolisme de son père.
Michel, prénom d’emprunt, a aujourd’hui 22 ans. Il est en 1re master. Et quand on le voit, difficile de se dire que ce jeune homme a connu, récemment encore, un gros problème avec l’alcool.
"Au début, c’était ce qu’on appelle l’alcool festif. Que le vendredi. Puis à l’université, ça s’est intensifié. C’était tous les soirs. Toujours beaucoup trop."
Au point de ne plus être capable d’aller aux cours. Au point de parfois ne plus avoir de souvenirs de ce qu’il avait fait la veille. Au point de parfois risquer sa vie et celle des autres : "le lendemain d’une énorme cuite, j’ai pris la voiture. J’aurais pu y rester."
Il se remet en question une première fois quand il remplit le questionnaire sur le site des Alcooliques Anonymes. Douze questions sont posées. Par exemple :
Sur le site, il est écrit que si l’on répond oui à quatre questions ou plus, on a sans doute un problème avec l’alcool. Michel fait alors un constat qui l’interpelle : "j’avais répondu oui à toutes les questions".
Alors, il appelle les AA et s’inscrit. Mais il n’est pas encore prêt à accepter sa situation et il abandonne.
Un an et demi plus tard, il se rend compte que sa situation n’est plus tenable. Il reprend contact avec les AA. Et là il tombe sur Colette. Et ça marche.
Depuis un mois et 24 jours, il n’a plus bu la moindre goutte d’alcool. Et quand on lui demande comment il se sent aujourd’hui, il répond : "Je me sens beaucoup mieux. Je ne ressens plus ce besoin de m’autodétruire."
Colette, prénom d’emprunt, est très active au sein des Alcooliques Anonymes. Ce jour-là, elle se rend avec Pierrot, autre membre des AA, à l’école secondaire plurielle Maritime à Molenbeek. Ils y rencontrent des jeunes de 14-15 ans. Ces élèves ont eux-mêmes choisi de s’intéresser aux addictions en tout genre. L’alcool en fait partie. Alors ils ont invité des membres des Alcooliques Anonymes.
Pierrot est le premier à prendre la parole. Et d’emblée, la classe est captivée : "J’ai commencé à boire à 16 ans. C’est à peu près votre âge. J’étais entré à l’école militaire. Et pour entrer dans un club de personnes qui me plaisaient, il fallait boire trois bières. Dix ans plus tard, quand j’ai arrêté, j’en buvais plus de 30 par jour."
Il explique alors sa descente aux enfers. Au niveau de sa vie sociale : "dans cet état, difficile de draguer une femme…". Au niveau de sa vie professionnelle. Au niveau de ses finances. Au niveau de sa santé aussi. C’est un médecin qui va lui faire prendre conscience de la gravité de son état. Aujourd’hui, cela fait 46 ans qu’il a arrêté de boire : "une praline au kirsch, un lapin à la gueuze, tout cela, il faut oublier".
Pour Colette, l’histoire est différente. Elle a quitté son mari qui était alcoolique. Elle espère alors refaire sa vie. Mais le temps passe, elle souffre de solitude. Un soir, elle prend un petit verre de porto : "Et là, ma soirée a été belle. Puis je suis passée du porto au vin rouge. Ma vie a commencé à se dégrader. Pour fonctionner, j’avais besoin d’avoir une dose d’alcool. Je ne pouvais plus vivre avec l’alcool. Mais je ne pouvais pas vivre sans." C’est son fils qui lui fera prendre conscience de sa situation. Aujourd’hui, cela fait 27 ans qu’elle ne boit plus.
Ces témoignages durent plus d’une heure. Et dans la classe, il n’y a pas le moindre bruit. Tous écoutent ces histoires avec la plus grande attention. Et puis ils posent des questions : comment ils ont arrêté, comment ils se sentent au moment des fêtes, comment leur entourage a réagi…
Et ces questions, ils les posent aussi à Carole. Cette jeune grand-mère est membre d’Alanon. C’est la société-sœur des AA qui vient en aide à l’entourage des alcooliques. "Dans ma famille, on buvait midi et soir. Et mon père devenait de plus en plus caractériel. A votre âge, je n’avais qu’une idée : me tailler de là." Elle rencontre un jeune homme, l’épouse. Mais lui aussi, il deviendra alcoolique. Elle explique alors les épreuves qu’elle et ses enfants traverseront.
A la fin de cette rencontre, les élèves applaudissent. Mathis se dit touché par ces témoignages : "j’espère que je ne serai jamais tenté. Et que si, parfois, je vais boire, ce sera avec modération." Ayyoub aussi espère que ça ne va jamais lui arriver : "c’est dangereux", dit-il. De l’alcool a déjà été proposé à certains. Mais Kayla nous dit : "L’alcool, je déteste ça. Pour l’instant, je n’ai vraiment pas envie d’y toucher".
Témoignage d’Yves, fils d’alcoolique
Yves, prénom d’emprunt, a 65 ans. Pendant 15 ans, il a été membre d’Alanon. C’est grâce à cette démarche qu’il dit qu’aujourd’hui il va bien.
"Il m’a fallu beaucoup de courage pour pousser la porte d’Alanon car je savais que ma vie ne serait plus jamais la même. Avec le programme Alanon, j’ai mis des mots sur les malaises qui m’habitaient depuis toujours", a-t-il dit samedi soir. Il prenait alors la parole après une pièce de théâtre jouée au centre culturel de Waterloo, "Un silence ordinaire". Il s’agit d’un spectacle qui cherche à briser les tabous liés à l’alcoolisme.
Yves a eu un père alcoolique et violent : "je ne me souviens pas de moments équilibrés à la maison. Il n’y avait jamais un climat serein. Lors de fêtes de famille, à la Noël, il y avait toujours des accidents", m’explique-t-il. Ce qui n’était qu’accidents devient quotidien. Au point que son père a tout perdu. Son commerce était florissant, mais il a fait faillite. Il a même fait de la prison. Pendant des années, Yves n’a plus eu de contact avec son père qui est allé chez les Alcooliques Anonymes et qui a arrêté de boire : "mais tout cela avait laissé des traces. Alors j’ai coupé les ponts. C’est un réflexe que beaucoup de jeunes ont : mettre un couvercle sur le problème. Selon moi, ce n’est pas une bonne chose : ça nous rattrape toujours, tôt ou tard".
Dans le message qu’il a lu à la fin de la pièce, il est revenu sur cette enfance difficile : "On m’a volé mon enfance. J’avais droit à l’amour inconditionnel de mes parents, on m’a privé de l’insouciance liée à l’enfance. Adolescent, je me suis rapidement senti investi d’une mission, venir au secours de ma maman".
L’alcoolisme va, une seconde fois, bouleverser la vie d’Yves. Cette fois, c’est son épouse qui se met à boire : "je voyais qu’il y avait un problème. Mais avant de se l’avouer, il a fallu beaucoup de temps. On cherche d’abord des excuses et on s’oublie totalement". Alors il s’est dit qu’il devait protéger ses enfants.
Il a donc d’abord poussé la porte d’Alanon où il a suivi des réunions pendant une quinzaine d’années : "Grâce à Alanon, je suis en paix avec mon passé, j’ai accepté que mon père souffrait de cette maladie, retrouvé ses bons côtés, reconnu les valeurs humaines qu’il m’a transmises".
Et il y a 4-5 ans, Yves a franchi une nouvelle étape : celle de faire partie des Guides Alateen. Il s’agit de réunions uniquement destinées aux enfants et aux adolescents vivant dans un foyer où l’alcool est présent : "Nous, les Guides Alateen, nous nous définissons comme des plombiers qui libèrent la parole. Une fois le robinet ouvert, il ne se tarit plus".
Pour Yves, il est important que les enfants vivant cette situation puissent trouver, à l’extérieur, une oreille attentive, qu’ils expriment que ce qu’ils subissent n’est pas normal : "faire ce constat peut aider à se reconstruire ", nous explique-t-il.
Tous les témoins que nous avons rencontrés ont insisté sur ce point : il y a moyen de s’en sortir.
C’est la fin des examens pour les étudiants en études supérieures. Beaucoup vont certainement fêter cela, en buvant quelques verres, parfois trop. Mais ce qui est exceptionnel pour certains peut devenir une habitude pour d’autres. A 22 ans, Michel se définit comme alcoolique. Mais il est bien décidé à s’en sortir.
Il y a aussi des jeunes qui ne boivent pas. Et qui pourtant souffrent aussi de l’alcoolisme. Celui des autres. Celui de leurs parents. Nous l’appellerons Yves. Il est adulte maintenant et raconte les épreuves qu’il a subies à cause de l’alcoolisme de son père.
Le premier verre à 15 ans
"J’ai pris mon premier verre à 15 ans. C’était une soirée entre copains, à la mer. Et ça m’a procuré une euphorie intense. J’ai adoré ce ressenti. Et je l’ai recherché."Michel, prénom d’emprunt, a aujourd’hui 22 ans. Il est en 1re master. Et quand on le voit, difficile de se dire que ce jeune homme a connu, récemment encore, un gros problème avec l’alcool.
"Au début, c’était ce qu’on appelle l’alcool festif. Que le vendredi. Puis à l’université, ça s’est intensifié. C’était tous les soirs. Toujours beaucoup trop."
Au point de ne plus être capable d’aller aux cours. Au point de parfois ne plus avoir de souvenirs de ce qu’il avait fait la veille. Au point de parfois risquer sa vie et celle des autres : "le lendemain d’une énorme cuite, j’ai pris la voiture. J’aurais pu y rester."
Il se remet en question une première fois quand il remplit le questionnaire sur le site des Alcooliques Anonymes. Douze questions sont posées. Par exemple :
- Avez-vous déjà résolu d’arrêter de boire pendant une semaine ou deux, sans pouvoir tenir plus que quelques jours ?
- Vous est-il arrivé, au cours de la dernière année, de devoir prendre un verre le matin pour vous lever ?
- Avez-vous manqué des journées de travail ou d’école
Sur le site, il est écrit que si l’on répond oui à quatre questions ou plus, on a sans doute un problème avec l’alcool. Michel fait alors un constat qui l’interpelle : "j’avais répondu oui à toutes les questions".
Alors, il appelle les AA et s’inscrit. Mais il n’est pas encore prêt à accepter sa situation et il abandonne.
Un an et demi plus tard, il se rend compte que sa situation n’est plus tenable. Il reprend contact avec les AA. Et là il tombe sur Colette. Et ça marche.
Depuis un mois et 24 jours, il n’a plus bu la moindre goutte d’alcool. Et quand on lui demande comment il se sent aujourd’hui, il répond : "Je me sens beaucoup mieux. Je ne ressens plus ce besoin de m’autodétruire."
De jeunes élèves interpellés
Colette, prénom d’emprunt, est très active au sein des Alcooliques Anonymes. Ce jour-là, elle se rend avec Pierrot, autre membre des AA, à l’école secondaire plurielle Maritime à Molenbeek. Ils y rencontrent des jeunes de 14-15 ans. Ces élèves ont eux-mêmes choisi de s’intéresser aux addictions en tout genre. L’alcool en fait partie. Alors ils ont invité des membres des Alcooliques Anonymes.
Pierrot est le premier à prendre la parole. Et d’emblée, la classe est captivée : "J’ai commencé à boire à 16 ans. C’est à peu près votre âge. J’étais entré à l’école militaire. Et pour entrer dans un club de personnes qui me plaisaient, il fallait boire trois bières. Dix ans plus tard, quand j’ai arrêté, j’en buvais plus de 30 par jour."
Il explique alors sa descente aux enfers. Au niveau de sa vie sociale : "dans cet état, difficile de draguer une femme…". Au niveau de sa vie professionnelle. Au niveau de ses finances. Au niveau de sa santé aussi. C’est un médecin qui va lui faire prendre conscience de la gravité de son état. Aujourd’hui, cela fait 46 ans qu’il a arrêté de boire : "une praline au kirsch, un lapin à la gueuze, tout cela, il faut oublier".
Pour Colette, l’histoire est différente. Elle a quitté son mari qui était alcoolique. Elle espère alors refaire sa vie. Mais le temps passe, elle souffre de solitude. Un soir, elle prend un petit verre de porto : "Et là, ma soirée a été belle. Puis je suis passée du porto au vin rouge. Ma vie a commencé à se dégrader. Pour fonctionner, j’avais besoin d’avoir une dose d’alcool. Je ne pouvais plus vivre avec l’alcool. Mais je ne pouvais pas vivre sans." C’est son fils qui lui fera prendre conscience de sa situation. Aujourd’hui, cela fait 27 ans qu’elle ne boit plus.
Ces témoignages durent plus d’une heure. Et dans la classe, il n’y a pas le moindre bruit. Tous écoutent ces histoires avec la plus grande attention. Et puis ils posent des questions : comment ils ont arrêté, comment ils se sentent au moment des fêtes, comment leur entourage a réagi…
Et ces questions, ils les posent aussi à Carole. Cette jeune grand-mère est membre d’Alanon. C’est la société-sœur des AA qui vient en aide à l’entourage des alcooliques. "Dans ma famille, on buvait midi et soir. Et mon père devenait de plus en plus caractériel. A votre âge, je n’avais qu’une idée : me tailler de là." Elle rencontre un jeune homme, l’épouse. Mais lui aussi, il deviendra alcoolique. Elle explique alors les épreuves qu’elle et ses enfants traverseront.
A la fin de cette rencontre, les élèves applaudissent. Mathis se dit touché par ces témoignages : "j’espère que je ne serai jamais tenté. Et que si, parfois, je vais boire, ce sera avec modération." Ayyoub aussi espère que ça ne va jamais lui arriver : "c’est dangereux", dit-il. De l’alcool a déjà été proposé à certains. Mais Kayla nous dit : "L’alcool, je déteste ça. Pour l’instant, je n’ai vraiment pas envie d’y toucher".
Témoignage d’Yves, fils d’alcoolique
Yves, prénom d’emprunt, a 65 ans. Pendant 15 ans, il a été membre d’Alanon. C’est grâce à cette démarche qu’il dit qu’aujourd’hui il va bien.
"Il m’a fallu beaucoup de courage pour pousser la porte d’Alanon car je savais que ma vie ne serait plus jamais la même. Avec le programme Alanon, j’ai mis des mots sur les malaises qui m’habitaient depuis toujours", a-t-il dit samedi soir. Il prenait alors la parole après une pièce de théâtre jouée au centre culturel de Waterloo, "Un silence ordinaire". Il s’agit d’un spectacle qui cherche à briser les tabous liés à l’alcoolisme.
Yves a eu un père alcoolique et violent : "je ne me souviens pas de moments équilibrés à la maison. Il n’y avait jamais un climat serein. Lors de fêtes de famille, à la Noël, il y avait toujours des accidents", m’explique-t-il. Ce qui n’était qu’accidents devient quotidien. Au point que son père a tout perdu. Son commerce était florissant, mais il a fait faillite. Il a même fait de la prison. Pendant des années, Yves n’a plus eu de contact avec son père qui est allé chez les Alcooliques Anonymes et qui a arrêté de boire : "mais tout cela avait laissé des traces. Alors j’ai coupé les ponts. C’est un réflexe que beaucoup de jeunes ont : mettre un couvercle sur le problème. Selon moi, ce n’est pas une bonne chose : ça nous rattrape toujours, tôt ou tard".
Dans le message qu’il a lu à la fin de la pièce, il est revenu sur cette enfance difficile : "On m’a volé mon enfance. J’avais droit à l’amour inconditionnel de mes parents, on m’a privé de l’insouciance liée à l’enfance. Adolescent, je me suis rapidement senti investi d’une mission, venir au secours de ma maman".
L’alcoolisme va, une seconde fois, bouleverser la vie d’Yves. Cette fois, c’est son épouse qui se met à boire : "je voyais qu’il y avait un problème. Mais avant de se l’avouer, il a fallu beaucoup de temps. On cherche d’abord des excuses et on s’oublie totalement". Alors il s’est dit qu’il devait protéger ses enfants.
Il a donc d’abord poussé la porte d’Alanon où il a suivi des réunions pendant une quinzaine d’années : "Grâce à Alanon, je suis en paix avec mon passé, j’ai accepté que mon père souffrait de cette maladie, retrouvé ses bons côtés, reconnu les valeurs humaines qu’il m’a transmises".
Et il y a 4-5 ans, Yves a franchi une nouvelle étape : celle de faire partie des Guides Alateen. Il s’agit de réunions uniquement destinées aux enfants et aux adolescents vivant dans un foyer où l’alcool est présent : "Nous, les Guides Alateen, nous nous définissons comme des plombiers qui libèrent la parole. Une fois le robinet ouvert, il ne se tarit plus".
Pour Yves, il est important que les enfants vivant cette situation puissent trouver, à l’extérieur, une oreille attentive, qu’ils expriment que ce qu’ils subissent n’est pas normal : "faire ce constat peut aider à se reconstruire ", nous explique-t-il.
Tous les témoins que nous avons rencontrés ont insisté sur ce point : il y a moyen de s’en sortir.
Les serviteurs du forum- Nombre de messages : 501
Date d'inscription : 15/12/2009
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